Les conducteurs expérimentés sont unanimes :
« tout est dans le regard ! »
Disséquons donc ce fameux regard pour y voir plus clair…
Au guidon, nous sollicitons nos yeux en permanence car ils transmettent au cerveau 80% des informations nécessaires pour organiser la situation de conduite. Pour réussir cet échange de façon optimale, le regard doit « se mettre en 4 », au propre comme au figuré, en permanence.
LE REGARD INSTANTANE
C’est la capacité d’interpréter un grand nombre d’informations instantanément. Cela permet au motard d’évaluer le contexte de circulation dans lequel il va s’insérer et aussi faire le tri, en éliminant les messages publicitaires … Ce regard est complété par le regard dynamique qui apporte d’autres informations indispensables.
En pratique : en un coup d’œil, le motard saisit la scène vers laquelle il s’approche : nombre, position et direction des véhicules, signalisation fixe, signaux temporaires (feux tricolores). Il peut alors ajuster au mieux ses mouvements de coordination (frein, sélecteur) et sa vitesse.
LE REGARD PERIPHERIQUE
C’est la capacité d’avoir un champ de vision large. Le fait de fixer les yeux sur un objet réduit le champ de vision. En outre, le regard fixe guide ostensiblement vers l’objet visé, comme d’aucuns l’auront déjà expérimenté en tentant d’éviter un obstacle… La conduite d’une moto impose donc d’être capable de fixer un objet spécifique (véhicule, repère sur l’accotement …), tout en intégrant son environnement.
En pratique : l’amélioration de la vision périphérique est capitale pour conduire car elle permet de se re-situer en permanence dans l’environnement de circulation. Le regard périphérique guide la machine sur la trajectoire et c’est le regard mobile qui prend soin d’affiner cette dernière.
UN REGARD DYNAMIQUE
C’est la capacité de distinguer clairement les objets en mouvement. Cela permet de prévoir la vitesse et la direction des autres usagers et de décoder instantanément les signaux visuels lumineux temporaires (clignotants et feux de stop, feux tricolores).
En pratique : lorsque l’on suit un autre véhicule (auto ou moto), on anticipe mieux sa propre conduite si on peut regarder devant celui-ci. Cela permet de réussir un dépassement en toute sécurité, ou de rouler en groupe au bon rythme sans stresser.
UN REGARD MOBILE
C’est la capacité d’effectuer des mouvements rapides des globes oculaires pour « balayer » le panorama. Chaque « coup d’œil » apporte une information et permet de calculer l’ensemble de la situation de conduite. Il permet aussi de se diriger d’un virage à l’autre en changeant constamment de « point de mire ».
En pratique : le regard effectue de constants allers-retours entre la chaussée à l’horizon, le revêtement, l’instrumentation, le(s) véhicule(s) qui précèdent, les rétroviseurs… Ces mouvements permettent aussi de diminuer la fatigue des yeux (par rapport à un regard fixe).
UN REGARD « NEUF »
Après avoir travaillé longuement sur un ordinateur, on peut ressentir une gêne visuelle, voire souffrir de maux de tête. Avant de prendre le guidon il est facile et rapide d’effectuer quelques mouvements oculaires (sans tourner la tête) pour « ré-étalonner » le regard. Viser alternativement des points proches et éloignés, haut et bas, droite et gauche, durant 1 à 2 minutes.
LE CHAMP DE VISION
Il varie en fonction de la vitesse. En effet, notre champ visuel est presque large de 180° à pied, mais se réduit déjà à 100° dès 40km/h ; il rétrécit à 75° dès 70 km/h et à 45° à partir de 100 km/h… Ce champ diminue encore à 30° à 130 km/h ( et seulement 5° à 200 km/h, sur circuit 😉)
A RETENIR :
- Tous les regards ont leur importance, s’efforcer en permanence de faire travailler l’ensemble.
- Eviter de garder le regard figé au loin, même lors d’un trajet autoroutier.
- Effectuer quelques mouvements oculaires rapides avant de prendre le guidon.
- Faire vérifier sa vue régulièrement.
- La moto va là où on regarde.
N’oubliez pas qu’il existe des stages de perfectionnement AFDM